Sécurité & Liberté


Nous avons participé lundi soir à un nouveau café philo sur le thème « Sécurité et Liberté sont-elles compatibles ? ».
Ce fut un débat (?) intéressant. En fait, nous tombâmes assez vite d’accord pour dire qu’on peut trouver la liberté dans un « cadre sécurisant »…
Le médiateur, Marc, et certains participants craignaient avant de venir que l’on s’attarde trop sur l’anecdote, sur l’insécurité dans les villes,…
Mais, heureusement, cela n’a pas été le cas.
Curieusement, les deux arguments – l’un devant démontrer que la sécurité était une entrave à la liberté, l’autre (que j’ai défendu – voir texte et schémas ci-dessous), prouver que liberté et sécurité sont bien compatibles – en sont venus à la même conclusion, notamment que cela partait de l’intérieur de nous-mêmes.
Marc a fait remarquer le côté « moralisateur » des deux textes. J’en étais conscient et en avait d’ailleurs fait part à Michèle avant la soirée. Mais ne s’agit-il pas là d’une argumentation, d’un « boniment » destiné à convaincre ?
Encore une synchronicité ? Caroline (qui développait le 1er argument- et moi-même n’avons eu aucun contact avant la rédaction de nos papiers. Pourtant, outre la conclusion, l’utilisation de schémas dans l’argumentation est commune aux deux articles.

Nous tombâmes, tout d’abord, tous d’accord, je crois, pour dire que la sécurité ou la liberté totale sont illusions.
Un participant a fait remarquer que, aujourd’hui encore, de part le monde, de nombreuses personnes sont encore atteintes dans leur liberté fondamentale et souffrent sous le joug de l’esclavage, des servitudes ou de la soumission.
« Vivre, c’est dangereux ! », ont dit certains et nous courons des risques.
Devons-nous pour cela être sur-sécurisés comme c’est le cas dans notre société occidentale ?
Derrière cela, il y a la peur, bien sûr. Mais cette sur-sécurisation ne manque pas d’entretenir, voire d’augmenter le sentiment de peur…
La peur est une émotion de base (un sentiment primaire) qui est nécessaire à la vie (survie) mais qui peut nous empêcher d’être libre..
Michèle témoigne que, dans l’insécurité (le sentiment ?), on peut trouver la liberté. Tout est question de longueur de nos chaînes.
Il faut bien sûr faire la distinction entre les sentiments de sécurité et de libertés, et les atteintes effectives à la liberté et l’insécurité matérielle et physique.
Dans le cadre sociétaire, ne doit-on pas plutôt parler de « sûreté » plutôt que de sécurité ?
Nous créons souvent nous-même le sentiment d’insécurité (de même pour l’insécurité).
Pourtant, si nous nous sentons bien, en paix avec nous-même, nous pouvons, en appréhendant, en connaissant nos limites, créer une zone de confort et cultiver la confiance…
Il nous est donc possible de trouver un équilibre entre ces deux concepts qui semblent opposés.

Schéma 1

Schéma 2

Oui, Liberté et Sécurité sont compatibles !

icône apeurée

Moi-je
Moi, j’ai peur ! Moi, j’ai besoin d’être sécurisé ! Moi, j’ai le droit d’être sécurisé ! Moi, je me sens agressé ! Moi, je veux être libre ! Moi, je m’en fous des autres ! Moi, si on m’emmerde, je fonce dans l’tas !

La liberté, qu’est-ce c’est ?
Selon la définition de wikipédia, « la liberté, en général est le concept qui désigne la possibilité d’action et de mouvement sans contraintes »
« Ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui » « Etre libre, c’est pouvoir avoir le choix de ses attaches ». Les amérindiens, eux, disent : « Liberté est un mot qui est utilisé par des gens qui ne le sont pas ».

Mais la liberté totale existe-t-elle ?
De même, peut-on concevoir une sécurisation totale ?

Dans nos sociétés occidentales, la sécurité semble être offerte (par une aide toujours extérieure) grâce au confort matériel et aux normes de sécurité qui sont de plus en plus imposées à l’individu. Nous avons de moins en moins le choix de nous protéger ou pas.
En fait la société (ceux qui nous gouvernent) nous considère de plus en plus comme  (des enfants) irresponsables et se comporte envers l’individu comme un parent surprotecteur.

Qu’y-a-t-il derrière tout ça ? La peur, bien sûr ! Nous n’avons jamais aussi peur, nous nous sommes jamais sentis aussi « insécurisés » qu’aujourd’hui…Les gouvernants, les médias, en faisant de la sécurisation un leitmotiv, entretiennent ardemment cette peur. C’est une prise de pouvoir sur notre intégrité individuelle.

Et, en nous, qui entretient cette peur ? Quelle partie de notre personnalité, de notre esprit se porte garant de notre sécurité ? J’ai nommé, le Moi-Je, cette grenouille qui veut se montrer aussi forte qu’un bœuf !….notre gardien de la sécurité (qui n’est sûrement pas un gardien de la paix !), entretien en nous la peur pour mieux justifier les mesures et normes de sécurité qu’il impose à tout notre être ! Certes, il est là pour définir et poser nos limites et assurer la sécurité de notre personne, c’est son rôle…malheureusement, il dépasse souvent ses prérogatives et se comporte souvent en tyran.
Mais alors ?
Comment être libres ?
Comment être en sécurité ?

Nous sommes piégés !
Ouin, j’ai peur !
Nous sommes coincés, à l’extérieur, par la liberté des autres qu’il nous faut bien respecter et la sursécurisation sociétaire et, à l’intérieur  par un ministre de la défense despotique  qui nous interdit de mettre un pas en-dehors de la zone de confort, super restreinte, qu’il a délimitée ! Non mais ! C’est à vos risques et périls ! Un pas en dehors et c’est la confrontation avec l’ennemi omniprésent : l’Inconnu!
Pauvres de nous ! Nous ne serons jamais libres et jamais sécurisés, autant éclater comme la grenouille de la fable !

Et bien non, la bonne nouvelle, c’est qu’il y a une solution ! Une solution à ce dilemme infernal et éternel ? Mais où est-elle, cette solution, ce remède miracle à tous nos tourments ?
Où ça ?

Un proverbe chinois dit : « La peur a frappé à ma porte. La confiance a ouvert. Il n’y avait personne»
Tich Nath Hahn, un moine zen vietnamien a écrit un livre intitulé « Soyez libres là où vous êtes » où il nous propose de voir que la liberté (et j’y ajouterais la sécurité) ne vient pas de l’extérieur ni des autres mais qu’elle est en nous…
En nous ? Mais où ça ?

N’avons-nous pas, en effet, tout au fond de nous, creusons bien, une partie qui nous souffle un petit mot chargé d’une grande force :

« confiance ».

Alors partons à la recherche de cette source souterraine mais qui coule sans tarir…

Nous aurons la solution si nous cessons de nous identifier uniquement à cette petite partie de nous, le Moi-Je qui croit détenir toutes les solutions mais qui, jusqu’à présent, ne nous a offert qu’un confort très restreint, une cage dorée…

Connaissons donc nos limites. Laissons l’égo faire son travail mais laissons aussi la place à cette source de liberté intérieure. La Confiance, nous libérera de la plus grande des contraintes, je dirais de la mère de toutes les contraintes : la Peur !

Nous obtenons donc une liberté plus vaste et qui n’est pas limitée par des contraintes « terre-à-terre » (matérielles, sociétaires, égotiques)

La liberté n’est-elle pas un moyen d’améliorer la qualité de notre vie par le confort ? C’est vrai dans le domaine « matériel » extérieur. C’est probablement aussi vrai et donc plus porteur, dans le domaine « intérieur ».

 Guy Veyer, Exbomont, le 18/03/2013
Merci à Michèle pour la préparation et la relecture

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Identité


Jeudi passé, nous avons, Michèle et moi participé à un café Philo organisé par le Centre Culturel de Stavelot.

Nous nous étions portés volontaires pour lancer le débat, c’est-à-dire, pour présenter chacun un argument contraire.
Le thème de la soirée était : « La recherche d’identité, repli ou ouverture ».
Michèle avait choisi le repli et moi l’ouverture.

Le débat fut animé mais pas trop controversé.
Tout d’abord, nous avons fait la distinction entre identité et identification. Nous pourrions dire que l’identité est l’imag qui nous est accolée tandis que identification tient plus de l’appartenance, « je suis comme,je suis identique ». A mon sens la seconde est plus la conséquence d’un choix, d’une volonté personnelle.
Nous sommes tombés ensuite d’accord pour constater que la plupart de nos identités nous sont imposées : par notre naissance, notre hérédité, notre éducation, notre environnement familial et social.
Cela ressemble fort à un étiquetage.

L’identité est aussi un outil de comparaison.

Nous avons découvert que derrière l’identité se cache un besoin de sécurité, donc une peur et qu’elle est lié à des valeurs, des croyances, des besoins.
L’identité peut nous limiter et en cela entraver notre liberté. Il n’est pas toujours facile, voire impossible, de se libérer de son identité.

Cependant, dans le repli, le retrait, nous pouvons rechercher au fond de nous notre réelle identité qui nous guide vers notre unicité. Nous pouvons alors aller vers la confiance en soi et nous ouvrir ensuite aux autres….

Voici les textes que nous avions préparés pour le débat et que nous avons lus  (en bon bélier, j’ai ouvert le feu !):

La recherche d’identité, pour moi, c’est l’ouverture !

« Qui suis-je » ?
Lorsque j’entends cette question, je pense à un personnage de bande dessiné. Il a reçu un coup sur le crâne. Le cul par terre,  il a une guirlande de bougies, de cloches, d’étoiles et de zosieaux qui lui tourne autour de la tête.
Qui suis-je ? C’est la question que se posent ceux qui reprennent conscience…
De même, la recherche d’identité n’est-elle pas une prise de conscience, un éveil vers la quête de la connaissance de soi, qui passe par la (re)connaissance de l’égo ?

Il me semble que, depuis que j’ai quitté le doux cocon du ventre de ma mère, je suis sur ce chemin…

J’y étais bien, là, dans ce nid douillet. J’étais en union avec ma maman, en fusion, pour ne pas dire « un » avec elle…
Depuis ma venue au monde, j’ai gardé au fond de moi, je crois, la nostalgie de ces heureux moments.
Il m’a fallu m’en  séparer, quitter la douce chaleur du giron maternel, aller vers mon autonomie, construire ma personnalité.

Je suis le cadet d’une famille nombreuse (nous étions 8 à la maison !). J’ai donc appris à tenir compte des autres, à partager.
C’est pour cela, je crois, qu’aujourd’hui encore, je ne peux exister que par les autres.

Mon identité, c’est l’autre, les autres, autrui, mon « prochain »…
J’ai un tel besoin d’ouverture, de partage ! Si je ne me retenais pas, je partagerais tout, même mon corps !
A la maison, j’ai un téléphone fixe. J’attends impatiemment le soir ou le weekend pour appeler mes amis, ma famille et échanger avec eux.
J’ai aussi un Gsm. Dès que je vis une expérience particulière, j’envoie un sms pour la partager.
J’ai internet. Sur mon ordinateur, j’ai une liste de contacts e-mail considérable. Je collectionne les « amis » sur Face Book. J’y publie des photos. J’y partage des vidéos, mes états d’âme. J’ai même créé un blog où, là aussi, je partage, je partage, je partage…
Mon prochain stade sera sans doute de partager  « mobile » par le biais d’un « smartphone » ou autre tablette…je pourrais alors « m’ouvrir » à chaque instant.

Je crois que je suis un peu « accro », un peu dépendant !
Mais je me soigne ! Et cela, grâce à ma relation avec les autres.

L’autre est un miroir pour moi. Un miroir positif surtout. Oui, je l’avoue, je suis un peu narcissique !
J’ai découvert, cependant, qu’il existe aussi un miroir négatif et un narcissisme positif.
Le miroir négatif, c’est lorsque quelque chose m’agace, m’irrite chez l’autre. Cependant, je m’aperçois bientôt, en y regardant de plus près, que ce « défaut » est aussi en moi, bien enfoui, bien caché !...
Elisabeth Badinter, dans son ouvrage « XY, De l’identité masculine », cite Alex Mucchielli et les travaux de Sigmund Freud et d’Erik Erikson : « On se définit par des ressemblances avec certains et des différences avec d’autres. »
J’ai souvent déménagé dans ma vie. A chaque fois que je m’installe quelque part, j’essaie au plus vite de m’intégrer, c’est-à-dire, d’intégrer mon identité individuelle dans l’identité collective.
C’est sans doute ça le besoin d’appartenance.
Cependant, je me demande s’il n’est pas dangereux de suivre le groupe, de me fondre dans la masse, de fusionner mon égo à l’égo collectif. A trop s’intégrer, on risque d’aller vers l’intégrisme…

Ma recherche d’identité passe donc par l’ouverture vers le monde, vers les autres.
J’essaie désormais d’évoluer de la dépendance vers l’interdépendance.

Lorsqu’il m’arrive d’être seul à la maison, je pars dans mes pensées, dans mon mental. Je soliloque dans ma tête ! Ce faisant, je ne prends pas bien conscience de ce que je fais, de ce que je vis dans l’instant.
Heureusement, il y a le chien pour me rappeler à l’ordre ! « C’est l’heure de mon petit pipi ! », « J’ai faim ! »
Dès que ma compagne est rentrée alors je partage, j’échange, je confronte mon opinion avec la sienne. Et, surtout, je prends conscience de sa présence, donc de la mienne. Je « sens » que je suis. Je « sens » qui je suis. Surtout, lorsqu’elle me fait des compliments !
J’oserai donc paraphraser Descartes en affirmant : « J’échange donc je suis !»

Le Petit Robert donne comme 1ére définition du mot « identité » :  du bas latin, identitas, racine Idem « le même ». Caractère de ce qui est identique

Mon identité, c’est lorsque je trouve en l’autre des points de ressemblance.
Grâce à la Communication Non Violente, je sais que j’ai une multitude de besoins.
A moi, de m’en occuper.
Je sais aussi que ma partenaire  et tous les autres ont les mêmes besoins. Ils sont universels.
C’est en cela que je me sens identique.

Ma propre identité se trouve dans les accents que je mets sur ces besoins.
J’ai, par exemple, plus besoin de partager, d’échanger, de communiquer que ma partenaire qui est plus dans le repli.
Grâce à la confrontation de nos ressentis, grâce à nos échanges réguliers, j’espère apprendre à reconnaître en moi ce besoin de repli, de retrait.
J’aimerais qu’elle, de son côté, puisse retrouver en elle, le besoin de partage.

Alors, nous connaitrions et reconnaitrions nos identités réciproques.

Nous avons reçu pas mal de coups sur la tête au cours de notre existence.
Peut-être que bientôt, comme deux personnages de bande dessinée, nous allons reprendre conscience et nous nous demandez, à l’unisson :
« Qui sommes-nous ? »

 

La recherche d’identité par le repli

Que dit le Petit Robert sur l’identité : « Le fait pour une personne d’être reconnue pour telle, donc ce qui est unique, qui demeure identique à soi-même » ?

Notre identité varie et se définit suivant notre culture, notre religion, notre philosophie et la région du monde où nous sommes nés.

Nous sommes issus de la race humaine, de la même origine : les homos sapiens sapiens.

Je nous définit comme des êtres matériels et organiques faisant partie d’un Grand Tout.

Ce qui nous différencie sont nos réactions, nos réflexes, notre capacité d’agir différemment avec les conséquences qu’elles impliquent.

Nous ne sommes pas pleinement en paix avec nous-mêmes et notre histoire.
Nos relations sont souvent altérées et nous décidons de réussir dans tous les domaines : études, vie professionnelle, sociale  et affective, etc,…ce qui nous entraîne vers la performance et nous cherchons notre identité à l’extérieur de nous.
Nous nous cherchons dans la dualité, le monde de la compétition, celui du contrat marchand, de la publicité et du « prêt-à-jeter ».

Notre mental est donc imaginaire. Il est une fabrication sociale liée aux peurs, aux manques, à la perte. Nous nous accrochons à ce qui est stable donc illusoire et espérons combler un vide, à nommer l’indicible afin de nous donner une consistance.

Je vous invite à entrer dans l’expérience du repli, de l’intériorité. Celle qui est clarté de l’esprit et qualité de vie.

Notre identité est sagesse et non livresque. Elle vient du vent et de l’espace. C’est l’écoute d’un ouvert que l’on porte en soi. Elle vient de notre respiration, ce souffle qui apparaît à la naissance et disparaît à la mort.

Dans le silence et le non-agir, le sens, l’essence apparaissent. Nous sentons vers quoi nos forces tendent et quelles sont nos directions.
Nous faisons l’expérience de la traversée de nos peurs, de nos incertitudes, de nos souffrances.

Nous soulevons ce masque qui tend à faire croire à une hypothétique identité avec ses rôles, ses compromis entre soi, les autres et la société.
Notre véritable identité, notre vérité, notre humanité vient du réel de nos limites, de l’émergence de notre intelligence profonde et de notre cohérence.

Dans ce repli, nous allons vers une liberté intérieure, vers la possibilité de changer et de faire des choix matures.

Le repli est l’expérience de la finitude qui oblige à constater la réalité et le désir de l’infini.

Alors vient cette joie profonde, une sorte de frémissement intérieur.
C’est une lame de fond qui nous soulève et à certains moments nous éprouvons comme un étonnement de Bien-Être.

Michèle Juncker, Exbomont, le 16/11/2012