La solitude n’est pas une réalité


Un article qui date un peu…je l’ai publié sur Facebook, il y a quelques années (!).
A deux reprises, je les ressorti récemment pour le partager avec des personnes qui semblaient être confrontées au problème de la solitude…
Entre-temps, je suis moi-même à nouveau confronté à ce problème..
D’où l’envie de le publier sur ce blog dans l’intention de le partager à un plus grand nombre (?)…dsc_0281-800x532.jpg

« La compréhension de l’ego marque le début de la cessation de notre isolement – donc de la solitude ». Jiddu Krishnamurti

Préambule

Il y a 2 ou 3 ans, je m’étais donné comme défi de me sentir connecté avec ceux que j’aime (et le reste du monde) sans leur parler, leur téléphoner, leur envoyer de courriel, etc,….

J’avais alors déjà pris conscience que ne supportant pas (bien) ma solitude, j’étais dans le manque, la dépendance et que, à certaines périodes de ma vie, j’entrais en relation (amoureuse) pour fuir mon angoisse de la solitude, de l’abandon.

Un signe également très révélateur de la souffrance que me procurait la solitude était ma surconsommation de nourriture, de sucreries, de boisson et mon besoin compulsif de compenser…..

Dépendance, manque, besoin de compenser = fuite, occultation de la souffrance causée par la solitude.

Lorsque j’ai pris ma pré-retraite, l’année passée, je n’ai pas voulu me lancer dans des tas d’activités pour occuper tout le temps libre que j’avais désormais devant moi. J’ai senti, confusément, que je devais vivre ma solitude, en faire l’expérience,….

Aujourd’hui, en lisant le livre « De l’amour et de la solitude », de Krishnamurti, une « évidence », que je qualifierais de « primordiale », est née dans ma conscience.

Le concept « solitude »

Vivre, c’est être en relation, en connexion avec le reste du monde.

Je ne peux pas être en dehors du monde, en dehors de l’univers. Donc je ne peux être isolé, seul. Il est idiot de penser pouvoir être hors du monde. C’est pourtant ce que je fais lorsque je me sens seul.

Que je le ressente ou pas, je suis connecté avec le reste de l’univers puisque je suis dans l’univers.

Si je considère la plus petite des cellules de mon corps, celle-ci n’est pas seule ni isolée. Elle est en connexion permanente avec toutes les autres cellules de mon corps.DSC_0242 (640x426)

La plus petite fleur des champs est « dans le monde » et donc en connexion avec celui-ci. Elle reçoit les rayons du soleil, la pluie du ciel, la nourriture du sol, se multiplie par le butinage des insectes et par l’ensemencement, etc,….

Le poisson dans l’océan, est-il seul ? Non, n’est-ce pas. Même la plus solitaire des espèces, celle qui ne vit pas en banc, est en connexion avec l’univers marin dans lequel elle vit, son environnement qui lui assure la (sur)vie et le « rassure ».

Même un poisson dans un bocal n’est pas tout à fait seul puisqu’il sent l’eau autour de lui, puisqu’on lui donne de la nourriture, puisqu’il voit des personnes et des animaux derrière son bocal….

Un homme sur une île déserte est-il vraiment seul ? Ou est-il seulement « éloigné » ?

Ainsi, étant une infime partie de l’univers, comme la cellule est une infime partie de mon corps, comme le poisson vit dans l’océan, je suis forcément en connexion avec tout l’univers.

Les physiciens et les astrophysiciens le découvrent chaque jour : tout dans l’univers, de la particule infiniment petite (quark, corde) jusqu’à la galaxie, est en interdépendance, en interaction.

Pourquoi ne suis-je pas rassuré dans mon environnement, ne suis pas en connexion avec lui ? Je ne peux, de toute évidence, pas être réellement, physiquement, coupé de l’interdépendance. Alors ?

Si je me sens seul, ce ne peut être qu’un effet de mon ego, de mon mental, de mon système de pensées.

Un nouveau-né se sent-t-il seul ?

Ce n’est que lorsque l’ego du petit enfant s’est développé que naît dans son esprit le concept de solitude, d’isolement et la peur de celui-ci ainsi que toutes les autres peurs qui s’en suivent : peur de l’abandon, peur du vide, de la vacuité ….

Ce concept lui vient probablement de l’amour possessif de ses parents qui créée la séparation, le besoin d’identification, d’appartenance,….

La solitude n’est donc pas une chose réelle mais une illusion créée par l’ego qui recherche l’individualité, l’isolement, la duplicité qui sont opposés à la complétude.

Ego = duplicité, individualité = isolement # complétude.

En visionnant ces jours-ci sur l’Internet la vidéo du témoignage de Jill Bolte Taylor (http://www.dailymotion.com/video/x8agq2_jill-bolte-taylor-sous-titre-franca_tech), j’ai reçu un éclairage différent du fonctionnement de notre cerveau et du rôle partagé de nos deux hémisphères. J’ai compris qu’ils fonctionnent tout à fait différemment, l’un, le gauche, développant l’ego et le rationnel et protégeant notre « personne » en en fixant les limites et l’autre, le droit, qui possède la conscience de l’interdépendance, de l’énergie de vie, de l’infini, de l’illimité, du moment présent.

Cela évoque pour moi le yin et le yang. Comme le yin et le yang, nos deux hémisphères, bien qu’ayant un fonctionnement opposé, se complètent et se dynamisent. Nous ne pourrions pas vivre dans une vision du monde sans limites.

Seulement, je crains fort, que dans peu de temps la boîte crânienne des générations futures ne finisse pas par se déformer et prendre un aspect dissymétrique, tant nous avons tendance à n’utiliser que l’un des deux hémisphères, le gauche, celui de l’ego, celui qui sépare !

Même si le veux, je ne peux pas -tant que je vis – être hors du monde, être seul.

Si on isole totalement une fleur, sous un globe de verre par exemple, elle meurt.

Si on sort un poisson de l’eau, il meurt.

A quoi bon donc rechercher à me recentrer, à me connecter, à quoi bon rechercher quelque chose dans laquelle je baigne ? C’est comme si le poisson recherchait à se connecter à l’eau de l’océan !

Je suis, depuis des années (depuis mon enfance), en quête de complétude alors que je baigne dedans ! C’est mon propre ego qui m’en sépare…..

Si le concept de solitude est créé par mon ego, il est donc en mon pouvoir de m’en défaire et me libérer de la souffrance et des peurs qu’il entraîne.

La seule chose qui est réelle est la distance, l’éloignement et, là aussi, il est en mon pouvoir de la réduire, de me rapprocher.

Me libérant de l’idée même de solitude, je pourrai aller vers mes activités et mes relations (y compris ma relation avec « Dieu ») avec amour et liberté, sans en faire des moyens de fuir ou de combattre ma solitude, sans en avoir besoin pour me rassurer, ce qui est le cas, à l’heure actuelle, de la majorité de mes activités et de mes relations.

Le danger subsiste cependant que mon ego « récupère » cette prise de conscience et s’attribuant tout le mérite de cette découverte m’entraîne par un « Moi, je sais » vers un nouvel isolement, une nouvelle solitude. Je le « sens » bien, je l’observe….

A moi (?) donc de faire taire un peu le babillage incessant de mon hémisphère gauche et donner l’occasion à mon hémisphère droit l’occasion de me montrer les choses telles quelles sont : reliées, connectées…..

Schellebelle, lundi 23 mars-lundi 6 avril 2009

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ce texte vous parle ? Quelle est votre expérience de la solitude ?

11 réflexions sur “La solitude n’est pas une réalité

  1. Bonjour Guy, il est vrai, pour beaucoup de personnes, réfléchir est fatiguant, alors se remettre en question, sonder au fond de soi… Elles n’y pensent même pas. Elles préfèrent les distractions, l’adrénaline du paraître. Ce que je déplore bien sûr.
    Sur ce qui est de la solitude, avec le temps, les déceptions amicales, sentimentales, le fait de ne pas être entouré ne m’accable pas. J’ai trouvé mon lien, le partage et l’engagement par l’écriture, même si là aussi, je rencontre pas mal de difficultés et de désillusions. Le message ne passe pas toujours auprès de ceux que je voudrais attirer l’attention… C’est ce qui me fait rester droit dans ma démarche. Celle-ci est commencée depuis des décennies. Parfois, j’aimerai être seul, vraiment seul, non plus habités par mes projets, mes rêves, mes inspirations.La solitude humaine, je la rencontre au grès des jours, des déplacements, mais spirituellement, intellectuellement, je ne suis jamais seul. Tout bouillonne en moi, ce qui me fait parfois faire des erreurs. Il y a tant de compagnons comme, les livres, la poésie, l’imagination, la réflexion, le dessin, la peinture, les Arts. La quête de culture est le lien que je préfère rencontrer tous les jours. Je me nourrie de cette présence. En te lisant je me cultive, partage grâce à tes mots, ta philosophie, quelque chose d’autres et la sensibilité passe. Merci de cette accompagnement. A bientôt.

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    • Oh Merci Tony ! Tes mots me touchent beaucoup ! Je suis heureux que mon partage puisse t’accompagner. C’est le plus beau des cadeaux de savoir que ce qu’on donne en partage est reçu avec amour

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  2. pour moi la solitutde on se la cree, quand on ne veut pas rester seule, que l on cherche a sortir absolument, je suis restee 14 semaines sans sortir de chez moi, je ne me suis jamais sentie seule, car
    j ai toujours des petites taches a effectuer, regler les factures, verifier les papiers, ecrire sur internet,
    repondre a divers , je ne me sens jamais seule, j aime mes orchidees en fleurs, la chaleur de ma cuisine le matin baignee dde soleil quand il y en a, puis celle du living l apres midi, le temps passe si vite pour moi, les coups de tel, et pourtant durant 14 semaines je n ai recu aucune visite, mais je me
    suis sentie heureuse de vivre et d avoir echappe le pire, durant l accident de car, j etais vivante, c est
    le principal pour moi, la vie, avec ses joies, ses tristesses, ses ennuis q importe, le plus important
    vivre dans la joie et tous les matins etre heureuse de la nouvelle journee qui recommence.
    je ne me sens jamais seule. bises a vous deux michka

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  3. La séparation, la rupture nous plonge dans la solitude. C’est une souffrance à part entière. Il ne sert à rien de la réduire à un côté de l’hémisphère cérébral. Le manque affectif c’est le refus de l’oubli. Nous avons tous besoin d’amour et d’êtres aimants, d’écoute. Chérir sa solitude comme un enfant qu’on tient dans les bras et avancer en le berçant, devant encore et encore avancer. Devant c’est différent, forcément même si l’espace se réduit avec l’âge. L’enfant grandit et mûrit.

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