Chercher la mère…


…et la trouver en soi !

« Dans les yeux de ma mère,
Il y a toujours une lumière… », Arno
Écouter la chanson

Nous devenons tous orphelin de mère un jour n’est-ce pas ?

Écouter ma version personnelle du  Negro Spiritual « Sometimes I feel like a motherless child » :

J’avais 24 ans lorsque « mon cordon ombilical a été coupé pour la 2e fois », un peu avant de devenir père à mon tour.
Depuis lors, me semble-t-il, comme tant d’autres sans doute, je n’ai cessé de rechercher sa tendresse et ses soins, en vain…chez les autres.

Une synchronicité survenue ces jours-ci pourrait bien m’apporter un secours considérable dans cette quête de longue haleine.

Tout a débuté par la lecture « à la volée » d’un article paru sur une page Facebook qui partage les travaux de Carl Gustav Jung.
Il s’agissait de la description de l’archétype de la mère. La citation était longue et, « par hasard », mon regard n’a capté que la description de la mère qui soigne et donne son affection…

Deux ou trois jours plus tard, lors d’une méditation en ligne, cet aspect-là, celui qui me manque d’une façon récurrente, m’est apparu à nouveau.

Nous avons participé durant tout le mois de janvier à une série de méditations guidées, initiée par Ana et Cédric qu’ils ont appelée « Super Radiance ».
Voir tous les ateliers

L’intervenante de ce soir-là, nous a invité à nous reconnecter à notre enfant intérieur.

Je connais cette pratique qui nous permet de retrouver les blessures de l’enfance  enfouies au plus profond de nous. J’ai déjà, à plusieurs reprises, fait ce « travail ».
Cependant, cette fois-ci, l’émotion m’a envahie plus que de coutume.
Notamment, lorsque Rehana Rymanbee nous invita à invoquer « la mère que nous avons toutes et tous en nous ».

Cette proposition m’a fait l’effet d’une révélation. En effet : quelle bonne nouvelle de pouvoir enfin m’occuper de l’enfant blessé qui vit toujours en moi par une autre partie de mon corps émotionnel, la plus affectueuse et la plus bienveillante !

Comme pour bien dissiper les quelques doutes qui subsistaient encore en mon esprit à ce sujet, un troisième fait, survenu deux jours plus tard (le temps de bien intégrer l’idée jaillie dans mon esprit), a suscité toute mon attention en entrant en résonance avec l’émotion forte perçue lors de la méditation.

Je revenais en voiture et descendais le petit raidillon qui mène jusqu’au hameau où nous habitons lorsque j’aperçus un animal sur le bord de la route.
Après avoir garé la voiture sur le bas-côté, je m’approchai de lui.

Il s’agit d’un veau nouveau-né, tout tremblant sur ses pattes. Un bout de cordon ombilical (tiens, tiens !) lui pend encore à l’abdomen.
Il se trouve à l’extérieur de la prairie clôturée par un fil électrique.
Il est faible et apeuré.
Lorsqu’il m’aperçoit, il s’avance péniblement vers moi. Me prend-t-il pour sa mère ?
Cependant, un mouvement un peu brusque de ma part le fait sursauter. J’essaie de le rassurer par quelques paroles douces…
Comment s’est-il retrouvé de ce côté-ci de la clôture ? Il est seul, abandonné…
J’aperçois dans le fond du vallon, un petit troupeau de vaches qui m’observent de loin.
La prairie est fortement en pente comme c’est souvent le cas dans cette région de moyenne montagne et elles se trouvent bien à 200 mètres du nouveau-né.
Je ne peux le laisser là !
J’essaie de le faire passer sous le fil mais à chaque fois son échine encore humide entre en contact avec la clôture électrifiée et il prend une petite décharge qui l’affole totalement.
Je ne vois rein d’autre pour l’aider à franchir cet obstacle qui le sépare de la prairie nourricière que de soulever le fil avec ma chaussure tandis que je l’encourage en le poussant de la main. La pratique quotidienne du Qi Gong s’avère très utile en cet instant. Pied gauche levé et main tendue vers l’échine basse du petit veau, ma posture doit être cocasse à observer ! Personne en vue, cependant. Tout va bien…

Entre-temps, les vaches ont gravi précautionneusement la pente. Elles observent mes tentatives de sauvetage de leur petit congénère. Elles ont l’air intrigué mais leurs regards semblent bienveillants à mon égard. Elles ont compris mes bonnes intentions…

Ça y est ! Le petit est passé sous le fil et il se dirige, tout tremblotant, vers le pis de sa mère qu’il se met à téter tout de go.
Il est sauvé !
Une des compagnes de sa mère le débarrasse du cordon ombilical en l’ingurgitant tandis que toutes les autres, rassemblées en groupe solidaire, me couvent d’un regard reconnaissant…

Après avoir contemplé, attendri, le tableau quelques instants, je m’en retourne vers la voiture, le cœur content. Je suis fier d’avoir saisi cette occasion de me prouver à moi-même mes capacités de sollicitude envers un être fragile. N’ai-je pas agi comme une mère de remplacement ?
Mais alors…oui !
Je peux, moi aussi, trouver en moi ces qualités « maternelles ». Je pourrai entourer mon enfant intérieur, d’affection, de soins et d’amour, ce dont il a besoin tellement intensément parfois.
Je suis sauvé !

La mère intérieure

J’ai marché parfois sur des chemins sinueux
où je me suis senti libre.
J’ai marché souvent sur des sentiers pierreux
où je trouvais un semblant d’équilibre.
J’ai gravi des monts élevés
qui m’ont coûté de longs efforts.
J’ai descendu des vallons escarpés
qui m’ont rendu plus fort.

Mais toujours j’ai cherché dans ces lointains paysages
l’endroit paisible qui me rendrait sage,
le lieu idyllique qui calmerait mes peurs
et apaiserait les douleurs de mon cœur.

J’ignorais, durant tout ce temps,
qu’au fond de moi un enfant blessé
souffrait de mille et un tourments.
Il était à la recherche de Celle qui pourrait l’aider.
Il cherchait partout où panser ses blessures.
Il voulait qu’enfin on le rassure.

J’errais donc par les chemins de la Vie,
toujours en quête d’une présence amie
qui bercerait cet enfant meurtri
dans ses bras aimants

pour lui redonner l’amour d’une maman.

Un jour enfin après avoir marché des jours et des heures
suivant les méandres des fleuves de souffrance et de peurs,
je la vis, celle qui pourra m’offrir la certitude du bonheur,
celle qui pourra aimer sans condition mon enfant très peu rieur.
Elle est là. Elle m’attendait, bienveillante et aimante : la mère intérieure.

Sérilhac, 17/02/2020

 

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De l’amour,….


De l’amour

Après la lecture du livre de Luc Ferry, j’ai senti le besoin de lui envoyer ma réaction.

Là voici :

Monsieur Ferry,

Je viens de terminer la lecture de votre ouvrage “De l’Amour”.
Pour être honnête, lorsque je dis “terminé”, je devrais préciser que j’ai sauté le chapitre 3 sur l’art et l’éducation. Non pas que celui-ci ne m’aurait pas intéressé mais sa place dans votre ouvrage l’a rendu, à mes yeux, moins passionnant.
Le plus important me semblait avoir été dit dans les chapitres précédents.

Tout d’abord, une réaction presque à chaud (j’ai terminé de lire hier) : n’ayant pas fait d’études (je n’ai donc pas étudié la philosophie en Terminale), je me fais une autre idée de la philosophie. La vôtre, sauf votre respect, me semble très “intello”.
J’ai souvent “philosophé” avec des gens simples (je me souviens des conversations que j’ai tenues avec des africains et africaines de la rue à Djibouti qui me semblaient savoir donner un sens à leur vie) qui n’avait même pas été à l’école et qui pouvaient parlé de choses très profondes et très éloignées des contingences matérielles (et pour cause, me diriez-vous).
Je trouve votre philosophie très branchée “intellect”, je dirais guidée par l’hémisphère gauche du cerveau et très peu par l’hémisphère droit. En d’autres termes, je trouve votre “spiritualité laïque” très peu “spirituelle”.
Ce qui me manque dans “votre” philosophie, c’est “l’expérience de vie”. C’est sans doute ce que vous appelleriez la”pratique” de la philosophie. Vous ne parlez pas non plus du corps qui, nous le savons, n’est pas séparé de l’esprit, comme nous l’a enseigné trompeusement l’église et toute l’éducation judéo-chrétienne pendant de longues années.

Votre analyse est intéressante et je peux la suivre.Je partage également votre optimisme en ce qui concerne l’évolution de notre société/civilisation.
Il me manque cependant deux aspects primordiaux dans l’amour avec une minuscule ou une majuscule et le but principal de ce courriel est de vous en faire part :

1. l’amour de soi
2. l’amour du corps

1. Comme vous dites le principe de déconstruction nous amène à mieux nous connaître.
Je n’ai cessé en lisant votre analyse de ce principe à Krisnarmurti qui, lui aussi, etait un fameux déconstructeur ! Mais, son but avoué, sa philosophie, sa recherche de sens et de salut est, justement, la connaissance de soi.
Vous parlez, en parlant de l’amour, uniquement me semble-t-il, de l’amour de l’autre, qu’il soit proche ou prochain. Mais l’amour de l’autre ne passe-t-il pas, d’abord, par l’amour de soi ? L’autre est en nous, n’est-ce pas ?
Le véritable amour de soi, qui passe par la véritable connaissance de soi, est tout sauf de l’égoïsme. Il me semble que, au contraire, s’aimant vraiment, on peut plus facilement reconnaître l’autre et donc l’aimer.
Des outils comme la Communication Non Violente (*), en nous apprenant à connaître nos besoins et à la reconnaître comme universels peuvent, certainement, nous aider vers un Amour genre agapé (on parle en CNV “d’empathie”) et, pour ma part, devrait être enseigné dans les écoles.
La responsabilité est aussi une vertu qui serait intéressante à développer. Être responsable de sa santé physique et psychique, de ses actes, assumer nos côtés “ombre” pour mieux accueillir nos côtés “lumière”.
Et enfin, vivre en conscience. Qu’est cela ? L’Orient nous donne un tas d’outil pour expérimenter ce que c’est. Pour ma part, je renverserais la citation de ce premier humaniste qu’était Descartes. Non pas : “Je pense donc je suis” mais “Je vis donc je pense”.
La pensée à pris le pouvoir en Europe depuis ce principe-là et, on croit savoir tout et pouvoir tout comprendre, tout expliquer par la réflexion, l’intelligence. Mais l’important n’est pas d’abord de vivre et d’en être conscient. Or la pensée nous entraîne souvent bien loin de la “réalité” de nos perceptions du moment présent.
Savons-nous encore percevoir le monde qui nous entoure autrement qu’en l’étiquetant, le jugeant, le comparant, le condamnant, l’analysant ? Respirer et prendre conscience de notre corps, ce qui nous amène au point 2….
Être totalement “présent » à un coucher de soleil, n’est-ce pas de l’amour ? Être, de temps à autre, en “contemplation” ne nous empêche pas de passer à l’action mais nous permet d’agir avec plus d’amour…
Il y a beaucoup à dire et à faire de ce côté-là pour améliorer la qualité de nos relations, de notre Amour.

2. la révolution de 68 n’a pas été une révolution politique mais une révolution des mœurs. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a changé nos rapports avec le corps !
Ce corps qui était tabou et l’est encore dans grand nombre de religions est devenu un objet de culte (d’où le mot “culturiste” ? :-) !
Il me semble que vous auriez pu en parler….
Et là aussi, il me semble qu’il y a encore beaucoup à dire et à faire pour améliorer la qualité de cette relation-là !
Nous sommes en Europe, comme vous l’écrivez (tiens, auriez-vous oublier que les États-Unis d’Amérique existent), encore enclins à voir le corps et l’esprit comme deux entités différentes. C’est pourquoi, l’amour du corps reste très superficiel !

Seriez-vous encore très influencé par votre éducation, votre conditionnement que vous n’en parlez pas ?

D’autre part, “j’habite”, il me semble, tout à tour et, probablement, simultanément différents principes décrits dans votre livre : le principe cosmologique, humaniste et de déconstruction et, je suppose aussi mais certainement de moins en moins, le principe théologique (mais je me méfie de mon côté déconstructeur/révolutionnaire !).
En ce qui concerne le principe cosmologique, lorsque je l’habite (justement !), je ne sens pas le Cosmos comme extérieur à moi mais bien comme le lieu où j’habite (!) et dont je fais donc partie intégrante. Il y a sans doute transcendance mais aussi, simultanément, immanence. Je ne conçois pas qu’une partie infime de moi “retournera” au cosmos puisque j’en fais partie depuis ma naissance (et comme je suis fais de la matière que les étoiles, peut-être avant…).
Quant aux découvertes récentes dans le domaine subatomique et cosmologique, ne vont-ils pas aussi dans le sens du deuxième humanisme ? Vous n’en dites-rien alors que ceci est en train de bouleverser toutes nos conceptions de la Vie !
Vous savez sans doute que les scientifiques ont découvert que l’univers est fait, à côté de la matière dont nous sommes faits et la lumière que nous percevons, en grande partie d’une énergie qu’ils ont appelés “noire” mais qu’on pourrait appeler “invisible”.
Une énergie qui dynamisme l’univers et le maintient cohérent. Est-ce que cela ne ressemble pas à de l’Amour ? :-) .

Pour finir, je dirais que votre ouvrage ressemble plutôt à un plaidoyer socio-politique qu’à un ouvrage philosophique.

Ceci dit, je crois comme vous à l’avènement de ce que vous appelez le deuxième humanisme qui selon moi passera par une transformation intérieure de l’humain lorsqu’il aura (re)trouver le lien entre la matière (dont son propre corps) et l’esprit…

Je suis prêt à en débattre avec vous

Je vous remercie, “avec amour”, d’avoir écrit et publié cet ouvrage.

Je voudrais terminer par me citer moi-même :”L’amour, c’est être le plus vrai de soi en présence de l’autre”.
Je joins également un petit texte que j’ai écrit sur la pensée superflue.

Bien à vous,

 

Exbomont, 10/09/2012

(* de Marshall Rosenberg)